En voyant l’émerveillement des enfants japonais devant les décorations d’arbres de Noël, nous pourrions croire qu’il s’agit d’une fête officielle. Eh bien non ! Pour la plupart des Japonais, c’est purement une fête laïque, consacrée à l’amour de leurs enfants.
Le père Noël a commencé son existence au Japon par le biais du magazine anglais Children’s Friends en 1914, où il était représenté sous l’image qui nous est désormais si familière. Il s’est alors rapidement répandu auprès du grand public de cette époque.
La première poupée du Père Noël est présentée au public à Tokyo en 1923. Elle est par la suite devenue un cadeau de Noël très populaire.

Illumination hivernale à Tokyo vue depuis les collines de Roppongi © Wiennat M – Shutterstock.com
Le 25 décembre 1926, jour du décès de l’empereur Taisho
Cette date est devenue une journée anniversaire et fériée au Japon. Il s’agissait d’un rituel de la cour en l’honneur de l’ancien empereur, jusqu’en 1947. C’est ainsi que Noël prit place le 25 décembre 1948, et qu’il est ainsi devenu la journée de Noël au Japon.
Il est fort probable que cette date libre arrangeait bien la communauté catholique du Japon. Mais voilà, nous parlons poupées, magazine, mais quand est-il du Père Noël au Japon ?
D’après l’histoire, le Père Noël aurait été vu pour la première fois en 1874 dans une école de filles à Ginza. Une fête y aurait été organisée par Taneaki Hara, qui s’était converti au christianisme à l’âge de 21 ans. Il a grandi à Edo et aurait été un véritable Edokko (une personne née et ayant grandi à Edo). Il avait planifié la célébration de Noël en signe de sa gratitude pour avoir rejoint la foi. Le Père Noël qui apparut était alors un seigneur féodal, vêtu d’un kamishimo (tenue de cérémonie pour les samurai et les roturiers), portant une épée et une perruque omori ! On peut difficilement s’imaginer le Père Noël habillé ainsi de nos jours…
Pour éviter des problèmes avec les autorités, il déclara dans une interview qu’il l’avait organisé sous le signe du festival Kanda Myojin de Edo. Le festival Kanda est l’un des trois festivals shintô les plus importants à Tokyo, datant du XVIe siècle, quand TOKUGAWA Ieyasu l’organisa pour célébrer sa victoire décisive à la bataille de Sekigahara.
Pour la petite histoire, méconnue d’ailleurs par nombre de Japonais, la légende du Père Noël remonte à des centaines d’années à un moine nommé ‘’Saint-Nicolas’’, né vers 280 après JC à Patara, près de Myra dans la Turquie moderne. Il serait ce que nous pourrions décrire comme l’ancêtre du Père Noël. Après sa mort, il fut honoré par les Grecs et les Romains lors d’une fête annuelle le 6 décembre. Pour plaire à tout le monde, les Romains ont alors déplacé la date du 6 décembre au 25 décembre qui était l’anniversaire et la fête de Mithra.
La religion de Mithra et la nouvelle religion de Jésus avaient beaucoup en commun. Les deux dieux sont nés d’une vierge. Tous deux sont morts et sont ressuscités après 3 jours.
Les deux avaient une pierre de fondation sacrée – Mithra avait Petra et Jésus avait Pierre. Les religions de Mithra et de Jésus étaient devenues compétitives et c’était donc un moyen de les rassembler le 25 décembre.

Cathédrale de Nagasaki © Yusei – Shutterstock.com
Saint Nicolas sous la forme moderne, existe toujours et est fêté le 6 décembre au Pays-Bas et en Belgique, où il apporte des friandises durant la nuit aux petits enfants qui ont été sages durant l’année précédente.
Plus tard, Hara Taneaki, qui était devenu fonctionnaire au bureau du magistrat de Minami-machi, réorganisa une fête de Noël à la First Presbyterian Church de Tsukiji. Les personnes présentes furent surprises de voir un arbre de Noël décoré de diverses sortes de fruits. Lorsque le rideau s’ouvrit, s’est alors que le Père Noël habillé en samurai, portant une épée et une perruque fit son apparition !
L’arbre de Noël
Beaucoup de légendes font débat quant à savoir si l’arbre de Noël tel qu’il est utilisé aujourd’hui a des origines païennes. Il est clair que plusieurs cultures non-chrétiennes ont apporté des plantes à feuilles persistantes dans les maisons au moment du solstice d’hiver.
La plus probable, serait celle du missionnaire qui vivait auprès du peuple germanique au VIIe siècle et qui a contribué à façonner cette tradition païenne des arbres de Noël en tant que célébration chrétienne de la naissance du Christ.
Ce n’est qu’au XVIe siècle en Allemagne que la tradition de décorer l’arbre de Noël dans les maisons fut répandue par Martin Luther, réformateur protestant de cette époque. Il a été tellement impressionné par la beauté du ciel étoilé vu à travers les branches des arbres à feuilles persistantes par une nuit étoilée, qu’il installa un arbre décoré avec des bougies pour illuminer l’arbre, dans son l’église.
La coutume de décorer l’arbre s’est ensuite répandue vers d’autre pays, comme une tradition de Noël. Au Japon, les premiers arbres de Noël étaient décorés avec des ornements spécifiques japonais : petits éventails, lanternes de papier, animaux et origami sous la forme d’un cygne, devenus populaires au Japon et échangés par des jeunes sur l’ensemble de la planète en temps qu’oiseaux de la paix, espérant que la guerre soit un lointain souvenir…
Au Japon, cette période de Noël perd son aspect chrétien tout en maintenant vivante la tradition de la fête. Vers 1960, elle s’établit comme une fête familiale avec des gâteaux et des cadeaux. Et depuis les années 1980, le soir de Noël est plutôt une soirée pour les amoureux, la famille se réunira plutôt pour fêter le Nouvel An ensemble.

© image_vulture – Shutterstock.com
La nourriture de Noël japonaise
Dans les pays chrétiens, le menu de Noël est important et varie d’une région à l’autre, mais au Japon, aucun menu de Noël n’a jamais été établi. Cependant, au fil du temps, deux types de plats ont réussi à devenir typiques du « Noël japonais » : le poulet frit est devenu par exemple un incontournable du menu de Noël, lorsque le père Noël du colonel Sanders du KFC est apparu au Japon en 1974, dans le cadre d’une campagne de marketing extrêmement réussie. Mais la raison principale est que l’on ne trouve pas de dinde au Japon. En 2005, une enquête indiquait qu’un adulte japonais sur trois suivait cette tradition du poulet.
Le fameux gâteau de Noël vendu pour la première fois au magasin Fugiya en 1910, qui est un gâteau éponge enrobée de crème fraîche et de crème au chocolat, décoré du Père Noël, d’un sapin de Noël et des fraises, est devenu depuis un élément indispensable de Noël.

Salle de Pachinko à Tokyo © image_vulture – Shutterstock.com
Autres différences entre le Japon et l’Occident, les Japonais n’ont pas de congés à Noël : tous les commerces et entreprises sont donc ouverts en ce jour de fête. C’est aussi la période commerciale la plus importante au Japon !
Ecrit par Jacky De Greef