Mariette Auvray nous a passionné de nouveau avec son documentaire qui restitue des portraits féminins de Tokyo.
© Mariette Auvray
Mariette Auvray nous plonge dans son court-métrage intitulé Les Miroirs de Tokyo. Au Shizen Market, le 10 décembre, nous avons eu le plaisir de voir la projection du documentaire suivie de la réalisation d’un petit débat avec Japan Magazine.
Pendant un mois, elle a frayé Tokyo et ses alentours pour se faire porte-parole des mots de femmes japonaises.

© Mariette Auvray
Dans son documentaire, qui définit comme “porte d’entrée” dans le Japon féminin, elle interviewe plusieurs femmes qui recouvrent des rôles sociaux différents. Shinju, Nanae, Megumi et Seika sont quatre femmes qui mènent des vies distinctes. Shinju est dans la production audiovisuelle, et nous fait part que les hommes font souvent des commentaires déplacés sur son apparence et sur le comportement qu’elle devrait tenir. Nanae, DJ, nous avoue qu’elle n’a jamais personnellement subi de fortes discriminations, bien que parfois elle pu en avoir de positives. Par exemple, lorsqu’elle nous raconte lorsqu’elle est appelée à des soirées seulement parce qu’elle est femme. Mais elle souligne la pression sociale du mariage que les hommes ne subissent pas.
Megumi, femme au foyer, nous dévoile le passé délicat de son mari et l’équilibre familial qui en découle.
Mariette nous montre l’aspect solitaire des femmes au foyer japonaises : un monde où le masculin n’existe pas et où l’enfant grandit avec la mère dans la majorité des cas.

© Mariette Auvray
Enfin, Seika, geisha d’une okiya à deux heures de Tokyo, est la seule qui nous dépeint une réalité où elle n’a jamais ressenti d’inégalité ou d’irrespect de la part des hommes ou de la société. Elle amène Mariette dans cet univers exclusivement féminin : une bulle raffinée d’exercice et de répétition, où tout le monde semble en harmonie.
Suite à la projection, le petit débat a commencé :
Pourriez-vous parler un peu de vous et de votre parcours ? Pourquoi le Japon ?
Je suis allée au Japon en 2017, dans une résidence qui s’appelle Tokyo Art & Space pendant un mois. J’avais envie de connaître le quotidien des femmes à Tokyo. Je marchais beaucoup, et je tombais sur des personnes âgées ou des mères seules avec des enfants dont elles s’occupaient à temps plein. Ainsi, j’ai eu envie de rencontrer une jeune mère pour saisir sa vie. D’ici, j’ai pu élargir cette expérience à un éventail plus fourni de témoignages.
Est-ce que vous avez ressenti un lien ou un fil rouge entre les femmes interviewées ?
Mise à part Seika, que ma question a amusé, qui me semble moins en lien avec les autres, les autres ressentent toutes une pression sociale, notamment Shinju et Nanae. Par exemple, la pression du mariage, du maquillage, de l’apparence physique. Elles expriment ce qu’elles ressentent. J’ai pu constater, que la société dans laquelle ils vivent, a donné un “rôle” à chacun. Il y a un jugement d’un “oeil extérieur” constant et fort.
Est-ce qu’il y a donc une espèce de dichotomie entre le rôle qu’on doit représenter et la volonté de s’exprimer librement dans les arts et la littérature ?
Seika vit dans une bulle en dehors de la société. J’étais avec Shinju en visite dans l’okiya, et lorsque nous sommes arrivées, j’avais l’impression d’être dans une pension de filles un peu préservée du monde. Il y a des répétitions, elles se divertissent et rentrent peut-être dans les canons de la société. Ainsi, elle ne voyait pas forcément de raison de comprendre cette question. Shinju a une position plus subversive aux égards de la société, et sa place n’était pas encore forcément acceptée.
J’ai l’impression que lorsque Shinju parlait avec moi, son ton était celui d’une confession. Même lorsque je la voyais en collectivité et toute seule, il y avait un je ne sais quoi qui faisait paraître que c’est difficile de se confronter au sein de cette société. Son interview est ainsi, une sorte de “libération”.

© Mariette Auvray
Y a-t-il une leçon à tirer de ces fragments et miroirs féminins ?
Elles conduisent des styles de vie différents, dans une société où le rôle social est un concept fondamental pour tout le monde, notamment les femmes.
Si vous voulez en découvrir plus, nous vous laissons ici l’interview réalisée quelques mois auparavant par nous.
Par Paolo Falcone