Plongez dans l’univers fascinant des combats de taureaux à Yamakoshi, une tradition japonaise singulière où se mêlent force, culture et un profond respect pour ces nobles créatures.
La tauromachie que nous connaissons, notamment la corrida, diffère grandement des combats de taureaux pratiqués au Japon. Ces derniers ressemblent davantage à des épreuves de force semblables aux combats de sumo, où seuls la fierté du taureau ou celle de l’éleveur peuvent être blessées. Dans ces affrontements, deux géants de plusieurs centaines de kilos se mesurent tête baissée, entremêlant leurs cornes et se poussant jusqu’à ce que l’un d’eux abandonne ou recule. Ces événements, organisés en compétitions éliminatoires par catégorie de poids, peuvent durer plusieurs semaines, voire des mois, selon les régions.
Selon les récits des participants, cette discipline serait née dans l’archipel d’Oki au début du XIIIe siècle, servant de divertissement à l’empereur Go-Toba, alors exilé sur ces îles.
Au XVIIe siècle, pendant la période Edo, cette pratique s’est implantée dans la région du Tohoku, devenant un sport populaire et traditionnel sous le nom de Togyu. Aujourd’hui, seule la ville de Yamakoshi, dans la préfecture de Niigata, perpétue cette tradition.
Yamakoshi est une zone rurale réputée pour ses paysages pittoresques et ses terres agricoles fertiles. Les agriculteurs et éleveurs locaux y utilisent traditionnellement des bœufs pour labourer leurs champs et transporter les marchandises. Ces bœufs, connus sous le nom de Nihon Ushi, font partie intégrante de la culture et de l’identité de la communauté.
Autrefois, une coutume consistait à organiser des combats entre taureaux élevés par des samurai et des agriculteurs. Ces affrontements étaient une forme de divertissement lors de festivals et d’événements spéciaux, où les taureaux étaient souvent ornés de cloches et de décorations colorées, accompagnés de musique traditionnelle.
Durant l’ère Meiji, la tauromachie à Yamakoshi a évolué vers un sport plus organisé et réglementé. Le gouvernement local, reconnaissant l’importance culturelle de cette activité, a établi des règles pour assurer des compétitions équitables. Les matchs se déroulaient dans des arènes spécialement désignées, où les taureaux s’affrontaient en mettant à profit leur force et leur instinct naturel.
En 1913, la première association officielle de tauromachie, la « Yamakoshi Togyu Kumiai », fut créée. Elle a joué un rôle crucial dans la normalisation des règles, la promotion du fair-play et le maintien des traditions associées à la tauromachie.
Des mesures de sécurité sont prises pour minimiser les risques de blessures chez les taureaux. L’utilisation de cornes naturelles est interdite, et les animaux sont constamment surveillés par des vétérinaires pour garantir leur bien-être. Durant les combats, les taureaux sont maintenus par une corde attachée à leur nez, et si l’arbitre perçoit un risque de blessure, les bêtes sont rapidement séparées.
Il s’agit davantage d’une épreuve de force que d’une discipline violente, et les taureaux vainqueurs sont célébrés dans les régions où se déroulent les compétitions. Des cérémonies d’entraînement et de purification précèdent les confrontations, qui se tiennent dans des arènes conçues spécifiquement pour ces combats.
Les événements de tauromachie à Yamakoshi sont devenus une attraction touristique majeure, attirant des visiteurs du Japon et du monde entier, avides de découvrir les cultures locales et japonaises.
Aujourd’hui, Yamakoshi continue de valoriser cette tradition culturelle précieuse, témoignant du lien profond entre les humains et les animaux de la région. Après plusieurs mois de compétitions éliminatoires, la finale s’est déroulée le 3 novembre 2023 à Yamakoshi.
Jacky De Greef