Des tranches de vies quotidiennes chamboulées par un passé bouleversant, un instant présent inattendu et un futur inconnu. À partir du 14 juin 2023, Love Life de Kōji Fukada sera disponible dans les salles obscures.
Projeté au 79e festival du film de Venise, et acclamé par la critique aussi bien japonaise qu’occidentale, Love life dépeint le quotidien dans la vie de Taeko et de Jirō.
Le film s’ouvre sur une scène familiale qui semblerait être une histoire comme une autre : une famille s’apprête à fêter la victoire de leur fils Keita au jeu d’Othello, et l’anniversaire du grand-père.
© 2022 LOVE LIFE FILM PARTNERS & COMME DES CINEMAS
Tous les préparatifs pour la fête sont prêts. Les danchi (les logements publics japonais 団地) encadrent le paysage urbain, où se déroule l’histoire. Le soleil continue d’embraser l’intérieur de l’appartement de Taeko et Jirō. Les invités arrivent, et les chants du karaoké retentissent dans l’air. D’un clin d’œil, l’ambiance festive est engloutie dans un trou de silence et de désespoir.
© 2022 LOVE LIFE FILM PARTNERS & COMME DES CINEMAS
Des révélations et des rebondissements se posent face au spectateur, qui, grâce à la scénographie, se retrouve plongé dans cette réalité sans points d’ancrage. Lors de scènes sous la pluie, nous culpabilisons autant que les personnages, et nous respirons la lourdeur de l’ambiance maussade. L’appartement devient le point central du film. De leur appartement, les personnages se frayent différents chemins qui les ramènent aux rencontres avec Shinji, l’ex-mari de Taeko, et Ōsawa, l’ex-copine de Jirō.
© Kōji Fukada – Mehdi Benkler
Ainsi, l’amour de Jirō et Taeko, comme un accordéon, se rapproche et s’éloigne sans cesse. Les doutes augmentent, et la confiance amoureuse oscille dangereusement. Ils ne se regardent pas dans les yeux, et les dialogues sont coupés : soit il n’y a pas de réponse, soit il n’y a pas de question. Taeko arrive jusqu’en Corée du Sud, tandis que Jirō retourne pour sa part dans son village natal. Ce n’est que grâce à cette séparation et aux péripéties de cet amour tortueux qu’ils se comprennent de nouveau, lorsqu’à la fin Taeko dit à Jirō :
« Regarde-moi » *
「こち見て」
Ils sortent de leur appartement, et se baladent dans l’horizon urbain d’une fin de journée ensoleillée.
Nous pouvons ainsi comprendre l’inspiration du réalisateur Kōji Fukada de la chanson Love Life de Akiko Yano, ce qui lui a valu le titre du film. Le tout premier verset des paroles est le suivant :
« Quelle que soit la distance qui nous sépare, nous pourrons toujours s’aimer » *
「どんなに離れていても愛することはできる」
Et vous ? Seriez-vous prêt à vous égarer, pour enfin recueillir ensemble les morceaux de votre cœur et le guérir ?
* La traduction littérale est : « Regarde ici ». Mais la traduction dépend du contexte. Dans ce cas Taeko demande à Ta Jirō de le regarder.
*La traduction littérale est : « Même si nous nous séparions, l’amour est une chose possible. »
Par Paolo Falcone