L’archipel japonais est une terre qui change au fil des saisons. Découvrons ses couleurs en images.
D’abord recouvert d’un manteau de neige blanc, seulement troublé par la vapeur des sources d’eau chaude d’origine volcanique montant vers le ciel, le Japon somnole, indolent, lorsque vient l’hiver. C’est la période la plus propice pour observer le ballet des grues japonaises, symboles pour les locaux du cycle de la vie. Revenant chaque hiver danser sous les flocons de neige à Hokkaido, elles paradent, faisant vibrer leurs ailes, bec pointé vers le ciel.

Grue japonaise. © Makien – Shutterstock.com
L’hiver est également la période où le fameux tanuki « hiberne ». Espèce appelé communément chien viverrin, le tanuki est partout dans les légendes japonaises. On lui prête en outre le pouvoir de se déguiser pour prendre l’apparence d’autres animaux ou bien encore pour tromper les moines. On l’affuble souvent d’un immense chapeau de paille et d’une gourde de sake. Animal monogame, il garda en revanche toute sa vie l’élue de son cœur près de lui. Au centre d’Honshû, dans les Alpes japonaises, ce sera aux Macaques japonais de se donner en spectacle, primates à la face rouge et à la fourrure claire, ils sont les premiers à se réfugier dans l’eau chaude des onsen…

Macaques japonais. © pen_ash de Pixabay
Au printemps, la nature renaît enfin, se parant de couleurs. La floraison des cerisiers et des pruniers s’amorce alors sous le climat tropical de la préfecture d’Okinawa, puis continue sur les îles de l’archipel nippon, commençant par Kyūshū et la mer de Seto. C’est alors la période du « hanami », de la contemplation des fleurs. Avec plus de 600 espèces de cerisiers et près de 5 000 espèces indigènes, soit près du double qu’en Europe, le Pays du Soleil Levant se part de couleurs chatoyantes et de camaïeux de roses : rose pâle, rose bonbon et rose fuchsia se mêlent et s’emmêlent… Les pétales sont alors de bons auspices sous lesquels boire une coupe de saké en famille. Enfin, les fleurs alpines éclosent sur les îles septentrionales, notamment à Hokkaidô, ravissant les premiers randonneurs de la saison. C’est alors l’heure pour les oiseaux de chanter la renaissance de la terre et pour l’ours à collier du Japon de sortir explorer ce nouvel habitat en fleurs après son hibernation.

Sakura. © Guitar photographer – Shutterstock.com
L’été, de nombreuses espèces s’épanouissent également sur les flancs des montagnes et des lacs : c’est alors le royaume des bougainvilliers et des hortensias. Et lorsqu’enfin les feuilles se mettent à rougir, annonçant l’automne, d’autres espèces s’apprêtent de nouvelles robes : les lycoris à la teinte cinabre dévoilent enfin leurs cils graciles, les cosmos leur langues roses, les ginkgo leur chevelure dorée et les érables leur ramure rouge et couleur terre de sienne. Cette palette de couleurs du « momijigari » entre alors en harmonie avec les torii vermillons des sanctuaires shinto et les pagodes rouges des temples. C’est ensuite à l’hiver de reprendre ses droits, mettant désormais au-devant de la scène narcisses et camélias…

Momijigari à l’automne au Japon. © Supa Chan – Shutterstock.com
Le Japon, pays des chrysanthèmes et des camphriers, des arbres à laque et du lotus, des arbres à thé et des cerisiers, a une longue tradition de communion avec la nature : que ce soit à travers l’ikebana (l’art floral japonais), l’origami (selon le dicton « quiconque plie mille grues de papier verra son vœu exaucé. ») ou bien les jardins zen, la faune et la flore sont au centre des légendes et des préoccupations humaines. Les contes pour enfants mettent quant à eux souvent en scène des renards mutins, des salamandres géantes et des tanuki facétieux : selon la légende, le Japon tremblerait lui-même à cause de Namazu, un immense poisson-chat faiseur de tremblements de terre !
Par Léa van Cuyck