Lors de notre séjour dans le Kansai, nous avons eu la chance de pouvoir faire la rencontre de JIJI-san, un riziculteur originaire d’Amanohashidate habitant à Shindō dans la région d’Iga, que nous avons rencontré lorsque nous sommes partis explorer ce recoin de la campagne japonaise.
Interview :
Pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes lancé dans la riziculture JIJI-san ?
J’ai emménagé ici il y a sept ans. Avant, il n’y avait pas de rizières autour de la maison. Mais le propriétaire des terres a offert de me donner gratuitement du riz à planter. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de devenir riziculteur, car de plus en plus de personnes développent des allergies de nos jours. Ayant trois enfants, je voulais m’assurer de leur offrir de la nourriture saine et délicieuse. J’ai donc choisi de produire du riz sans produits chimiques, en utilisant seulement les méthodes naturelles. Enfin, lorsque l’on veut augmenter les rendements, il est possible de louer les rizières aux alentours.
NDRL Avant cela, JIJI-san était éleveur de cochons.
Quelles variétés de riz cultivez-vous ?
Je cultive du riz originaire d’Iga.
Revendez-vous votre riz ou est-ce uniquement pour votre consommation personnelle ?
Je fais les deux.
Quel engrais utilisez-vous ?
Nous utilisons majoritairement du fertilisant issu de la ferme à cochons de mon fils aîné. C’est un engrais naturel. On l’applique en hiver pour préparer les sols.
Quel est le plus grand ennemi du riz ?
La météo. Pour que le riz prospère, il faut qu’il ne fasse ni trop froid ni trop chaud. Or, nous ne pouvons agir sur le climat… Les typhons sont également dévastateurs : l’an dernier, nous avons un typhon pendant plusieurs semaines.
Le riz est-il toujours séché suspendu en bottes au soleil (inekake) ? Ou y a-t-il d’autres façon de le faire sécher ?
La première année où je me suis installé, j’ai fait sécher mon riz de cette manière, mais un typhon est arrivé… J’ai donc changé de méthode l’année d’après. J’utilise désormais une machine pour le sécher.
Lors de la récolte avec une moissonneuse-batteuse (dakkoku), les tiges de riz sont coupées, et donc j’imagine inutilisables pour réaliser des objets tels que les shimenawa ou les zōri. Avec quelle paille sont-ils par conséquent réalisés ces objets ?
La production de ce type d’objets extrêmement faible au Japon malheureusement ces dernières années, faute d’une demande suffisante. J’imagine que la paille de riz utilisée est issue d’une autre méthode.
Est-ce vous utilisez une machine pour écosser le riz, ces fraiseuses à riz que l’on voit souvent dans les campagnes japonaises en libre-service ?
Oui, tout à fait. Elles permettent de passer du riz brun (玄米 genmai) au riz blanc (白米 hakumai). Le riz brun reste toutefois le plus nutritif des deux…
Enfin, qu’est-ce que la « première récolte » de l’année (新米 shinmai) ?
Il s’agit de la première récolte qui a lieu en automne. C’est alors un riz qui se mange après qu’il ait été fraîchement coupé. C’est alors un riz délicieux. Pour comparer, à cause du typhon de l’an dernier, nous sommes obligés aujourd’hui de manger le riz de la récolte précédente. Il n’y a pas eu de shinmai par conséquent l’an dernier. Vu que le riz ne se récolte qu’une fois par an, c’est une culture qui ne donne pas de seconde chance…
JIJI-san tient une guesthouse près de la gare de Shindō. Il est possible de dormir dans une chambre avec tatami ou dans une chambre de style occidentale. La durée des séjours varie alors de quelques jours pour les voyageurs ne faisant que passer dans la région, et ceux souhaitant s’immerger dans la campagne japonaise. Certains visiteurs sont mêmes restés près d’un mois chez JIJI-san !