Les images du monde flottant s’offre à vous dans cet hiver aux lueurs douces.
Les fêtes s’approchent. En vous allongeant sur un fauteuil, pour vous reposer, vous sentez le flottement de vos pensées et de vos corps. A vos côtés, le livre Estampes japonaises, merveilles du monde flottant, de Joséphine Bindé, vous regarde avec curiosité. Vous commencez par pure oisiveté à le feuilleter, et d’un clin d’œil, vous vous trouvez immergés à l’époque d’Edo (1600-03 – 1868).

© Paolo Falcone
Le « monde flottant » de la société nippone de l’époque s’ouvre à vous. Des portraits de belles personnes (bijinga 美人画), aux portraits des acteurs du théâtre kabuki, des scènes de vie quotidiennes à la représentations de paysages, des animaux et plantes, jusqu’aux légendes de l’époque de Heian ( 794 – 1185) : les artistes de l’époque vous montre les goûts et le quotidien de la société de l’époque.

© Éditions Place des Victoires
Utamaro, Hiroshige, Hokusai, Hokkei et bien d’autres participent à la représentation de ce « monde flottant ». Mais une question nous taraude l’esprit : d’où vient ces mots ? Ces deux mots viennent du japonais ukiyo, dont l’origine bouddhique signifie « monde flottant ». A l’époque d’Edo, avec l’essor des spectacle de kabuki et du quartier de plaisir de Yoshiwara, ce mot a été attribué avec une connotation péjorative, à ce monde mondain, profane et justement éphémère.
La deuxième question est : d’où viennent les estampes ? La technique d’estampe remonte à la Chine du III siècle avant J.C., mais cela ne concernait que les livres. Ce n’est qu’en 1764 que Sarunobu adapta cette technique aux estampes, en ouvrant des possibilités infinies.
Chaque artiste a un thème de prédilection : Utamaro est bien connu pour les portraits de belles personnes ou bijinga. Il représente ainsi les courtisanes dans leurs kimono soyeux aux longues manches. L’harmonie entre les coiffures et les kimono à plusieurs couches qui semblent bougent en toute direction, confèrent une sentiment suspendu.
Le théatre kabuki a été crée en 1603, par Okuni – une danseuse habillée en style portugais, qui dansait des pas de dance du Xe siècle – et prendra du succès pendant toute l’époque d’Edo. Yoshiwara et bien d’autres quartiers, il y avait toujours un théâtre et les acteurs kabuki étaient vraiment considérés comme des célébrités. Ce n’est pas un hasard que Toyokuni et Kunisada – les deux artistes qui offrent un riche portrait de ce monde – ont commencé à créer des estampes sur les acteurs. Ces estampes étaient collectionnées, et chaque acteur a un trait distinctif qui aide à l’identifier.

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Toyokuni n’était pas seulement un artiste de théâtre : il nous immergé dans les scènes de la vie quotidienne, tout comme Hokusai et Utamaro. Si ce dernier prenait en portrait les femmes avec des enfants, Hokusai et Toyokuni représentent de scènes de vie privé comme les moments d’oisiveté, des jeux avec des enfants, ou bien des batailles de boules de neige.
Hokusai était également friand des xylographies sur des objets du quotidien, qui étaient offerts dans différents moments de l’année, appelés en japonais surimono (摺物). Ainsi, vous pouvez retrouver des tonneaux de sake, ou bien des coupes en céramique, offrandes lors des festivités.
En suivant ce symbolisme, Hiroshige dépeint des images de fleurs et d’oiseaux. Depuis longtemps, ces deux élément ont une forte symbolique dans l’esthétique littéraire et artistique japonaise. Il y a beaucoup d’associations qui y sont créées : l’épirvier et le pin, le roseau et le canard, les rossignols et le fleur de prunier, et ainsi de suite.
La nature se représente également à travers les différents voyages et paysages célèbres. Ces derniers se trouvaient sur les grandes routes marchandes de l’Archipel ou bien étaient des lieux poétiques qui faisaient partie de l’imaginaire littéraire. Ainsi, Eisen, Hiroshige et Hokusai se sont lancés dans la représentation de ces paysages. Tout d’abord, nous retrouvons Hokusai qui, à l’âge de 70 ans, décide d’entreprendre un long voyage sur la route de la mer de l’est (en japonais : Tôkaidô 東海道). Hiroshige commencera à peindre les « 36 vues du Mont Fuji » quant à lui en prenant un cadrage toujours différents.

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En 1841, 13 ans avant de l’arrivée des « bateaux noirs » du commodore Matthew Perry, le shogunat décida d’interdire toute représentation du « monde flottant ». Les artistes alors ont puisé leurs inspirations des légendes japonaises. Ainsi, des contes mythiques de la famille Minamoto, ou bien des entités en forme de serpent géant voient le jour dans les ateliers d’estampes. Hokusai, fortement intéressé par le folklore, commencent à dépeindre les différents yôkai, dont la légende d’Oiwa. Kuniyoshi réalisera plus de 10 000 gravures et Yoshitosi, son élève, sera le dernier grand maître de l’estampe à l’ère de Meiji (1869 – 1912).

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Si vous avez envie de plonger dans le passé, ou si vous voulez simplement passer vos heures oisives à contempler des paysages et des personnages d’une autre époque, ce livre est fait pour vous !

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INFOMATIONS PRATIQUES :
Titre : Estampes Japonaise, merveilles du monde flottant
Autrice : Joséphine Bindé
Maison d’édition : Place de victoire
Date de parution : 26 octobre 2023
Pages : 320
Prix : 49 euros
Par Paolo Falcone
Image de couverture : © Paolo Falcone