La ville de Tokyo s’est développée avec l’impertinence de l’histoire, s’étendant petit à petit avec un urbanisme un peu chaotique. Depuis le ciel, le Grand Tokyo s’étend tel une mer de béton, parfois sereine et zen, parfois électrique et dynamique. Avec une densité parmi les plus élevée au monde, s’élever pour ressentir un voile de sensations et d’expériences repose sur l’ingéniosité des Japonais à investir les toits pour des activités parfois incongrues en de tels lieux.
Effleurant les nuages, les couvertures de béton offrent au regard l’horizon des grands espaces, le souffle d’un air agréablement indolent, le sentiment relaxant et revigorant de faire partie de la nature. Ainsi, les sportifs y trouvent l’enthousiasme d’une pratique hors des frontières, perchés au 9e étage du magasin Yodobashi dans le quartier Akihabara pour jouer au golf ou au baseball. Des espaces de détente suspendent le temps, comme au Parc de Shibuya Miyashita qui flotte au-dessus de la rivière Shibuyagawa, avec son ilot de verdure, son skate parc et son mur d’escalade. Et à Hino, sur le toit du Dojo Reitze Kaikan, on s’endurcit en pratiquant un kendo qui défie les éléments quel que soit les saisons.
Quant aux grands magasins, ils ont très tôt su capter l’attention de leurs clientèles en suspendant des parcs de loisirs. Ainsi, la gare ferroviaire de Kamata et son centre commercial dévoile au plus jeunes des loisirs de plein air, préservant précieusement la dernière grande roue de Tokyo.
Des maisons de thé s’ouvrent sur des écrins végétaux miniatures harmonieusement pensés pour profiter humblement de la cérémonie du chadō et renouer avec la tradition. Des mets délicats s’affranchissent des hauteurs pour créer une expérience gustative haut de gamme, tel Le jardin de Tweed à Ginza qui propose une cuisine raffinée à la française au milieu d’un damier de fusains sculptés.
Faisant fi des contraintes, certains s’aventurent à préserver les pratiques ancestrales, comme la culture du riz au milieu des tours de ventilation afin de produire du sake, ou le séchage du poisson qui se fait naturellement comme autrefois, avec la douceur du vent et la patience de son maître, lui conférant un goût unique.
Enfin, on prie sur les toits de Tokyo, où les temples s’approchent au plus près des dieux, loin des rues surmenées et des distractions des rues. Une pause spirituelle cérémonieuse et introspective. Tokyo, entre ivresse et enchantement, ne cesse de surprendre. Balade à poursuivre sur #Tokyo #Toits #ARTE
Par Léa van Cuyck