NGEE, l’influenceur Japon qui n’a pas fini de faire parler de lui !
Nicolas, vous êtes le créateur du podcast Explore Japon. Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Je m’appelle Nicolas, j’ai 43 ans. J’ai découvert le Japon lors de quelques voyages en 2015 et 2017, avant de revenir faire un an de japonais à Kyōto dans une école en 2018. Puis j’ai vécu à nouveau 6 mois fin 2019/2020 au début de la période du Covid 19 et je suis de retour à Kyōto depuis 2 ans avec un visa travail pour une startup canadienne à distance depuis le Japon.

Quel est le parcours professionnel et personnel qui a fait que vous en êtes là aujourd’hui?
Mes parents ont beaucoup déménagé lorsque j’étais petit, j’ai voyagé partout en France, autant dans des grandes villes que dans des petits villages où il n’y avait que 4 habitants (des Hautes-Alpes, le Var, la Corse, la Savoie ou bien encore Lyon, Lille, Marseille, Strasbourg). Je considère cependant que je viens de Paris car j’y ai vécu 17 ans, à partir du moment où je suis parti chercher du travail (à mes 20 ans) jusqu’à ce que je parte m’installer au Japon.
Je travaille dans le monde de la Tech et d’Internet depuis le début des années 2000 en tant que webmaster, trafic manager et chef de projet. Puis j’ai tout quitté et vendu toutes mes affaires pour venir étudier le Japonais en 2018. C’était le seul moyen, pour moi, à cet âge, d’avoir un visa pour le Japon. Je n’y suis resté qu’une année car je n’étais pas sûr d’avoir un niveau suffisant pour trouver un bon travail au Japon au bout de deux ans. J’ai ensuite vécu en Ecosse 8 mois pour repartir de nouveau au Japon pour 6 mois, mais Covid oblige, j’ai dû rentrer en France car mon visa se terminait et les opportunités de travail n’avaient pas abouti à cause de la pandémie. J’ai connu l’aéroport du Kansai avec seulement 3 personnes à l’intérieur, c’était assez lunaire ! Finalement j’ai réussi à revenir à Kyōto en mai 2022 et avoir un visa travail de 3 ans.

Quelle est votre activité actuelle ?
Pendant le Covid, j’ai eu l’opportunité d’avoir un poste dans une startup canadienne qui m’a permis de travailler à distance en France au début puis en Hongrie et en Autriche jusqu’en 2022. Au départ, je ne savais pas trop comment j’allais pouvoir revenir au Japon, sauf en tant que digital nomad, c’est à dire faire 2/3 mois au Japon chaque année et le reste du temps ailleurs en Asie ou en Europe. Mais finalement j’ai trouvé une astuce pour avoir un visa de travail au Japon, point que je développe dans des Hors-Sujets dans mon Podcast Explore Japon. Ça a été une période difficile car quand je suis revenu en Europe pendant la pandémie je n’avais plus aucunes économies et aucune idée de comment revenir vivre au Japon. Je pensais que cela prendrait plusieurs années avant de pouvoir retourner en terre nipponne, mais finalement c’est allé plus vite que prévu.
Comment vous positionnez vous face aux autres créateurs de contenu ? Pensez vous apporter une plus- value?
Je pense que je ne me positionne pas justement et c’est ce que les gens apprécient. Je suis naturel, je ne cherche pas à faire des vues à tout prix. Je n’ai quasiment jamais rien gagné avec le podcast, je ne l’ai jamais poussé à outrance sur les réseaux, mais il a fonctionné en autonomie via le bouche à oreille. C’est un plaisir pour moi de parler d’un pays que j’aime tant, tout simplement.
On me dit souvent que le podcast est apprécié car les auditeurs ont l’impression d’écouter un ami qui leur raconte sa vie au Japon. Je n’ai aucune prétention de dire que je connais parfaitement le pays. Je précise toujours que tout ce que je raconte est mon point de vue personnel . Il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce qu’on vous raconte sur internet et qu’il faut recouper les sources pour se forger son avis.
Je pense aussi qu’une de mes forces c’est ma régularité depuis 5 ans : j’ai vu beaucoup de podcasts se lancer au fil des années sans perdurer. Pendant longtemps j’éditais un épisode par semaine, aujourd’hui je publie du contenu une fois toutes les deux semaines par manque de temps, mais je suis fier d’avoir bien tenu sur la longueur !


Pourquoi documentez-vous le Japon ? Pourquoi avoir choisi ce pays ?
Quelques années avant mon premier voyage au Japon, je cherchais un endroit pour m’installer. Je ne me retrouvais plus trop en France : dans la mentalité des gens, le manque de respect au quotidien. J’ai visité quelques pays sans avoir de coup de cœur, puis un jour je suis allé au Japon sans en attendre quoi que ce soit. Comme beaucoup de personnes de ma génération, ma deuxième maman c’était Dorothée et je regardais des animés japonais tous les jours. J’ai acheté des tonnes de mangas, j’ai même collectionné des figurines pendant un temps, que je faisais importer du Japon, mais étrangement je ne me considérais pas comme un Otaku. Pour autant, je ne suis pas allé au Japon pour faire la tournée des lieux d’animés, des boutiques Mandarake (chaîne de magasins spécialisés dans la vente de produits d’occasion liés aux mangas et aux animés) ou autre… C’était un voyage classique.
Dès mes premières minutes sur place, je suis tombé amoureux du pays. Je me souviendrais toujours de mes premiers pas dans un quartier résidentiel un dimanche matin lorsque je suis tombé devant un terrain de baseball où des quadragénaires jouaient entre amis. L’atmosphère, la douceur de vivre qui se dégageait, mêlé à une paisibilité, et un sentiment de sécurité dans une si grande ville comme Tōkyō, ça m’a touché en plein cœur. Je suis tombé en amour au bout de quelques minutes. Je me suis dit “c’est chez moi ici”, et tout le long du voyage ce sentiment s’est renforcé jour après jour.
J’ai passé un mois de vacances à travers le Japon. En partant je me suis promis de tout faire pour venir vivre ici, même si je n’avais aucune idée de comment faire. Puis, je suis revenu en vacances 2 ans plus tard pour vérifier que le pays me plaisait vraiment et que ce n’’était pas juste “un amour de vacances”. Le coup de cœur était toujours présent, du coup j’ai cherché par quel moyen je pouvais revenir et faire un projet réaliste pour m’y installer durablement. J’insiste sur ce point car j’ai vu beaucoup de gens partir les mains dans les poches ou avec des rêves sans vraiment connaître la réalité au Japon. Beaucoup sont rentrés rapidement chez eux car ils n’étaient pas assez préparés : entre le budget que cela représente, le choc culturel, le côté professionnel etc. Même des personnes “fan” du Japon avec un niveau N1 (niveau le plus élevé Japanese-Language Proficiency Test) en japonais, je les ai vu rentrer au bout de quelques mois en dépression car ils n’étaient pas vraiment préparés à la réalité du pays. Attention, je ne dis pas que c’est l’enfer ! Mais venir en vacances et y vivre, ce sont deux choses différentes.
Après mes vacances j’ai donc décidé de chercher comment faire pour venir. J’ai beaucoup galéré pour en arriver là où j’en suis maintenant mais je peux vivre là où je me sens chez moi !
Quel est votre épisode qui vous a fait connaître ?
Honnêtement j’en ai aucune idée. Au début je n’avais pas beaucoup d’écoutes (une dizaine pendant plusieurs semaines) mais les chiffres montaient graduellement. A vrai dire je ne regarde même plus les statistiques depuis des années. La dernière fois que j’ai regardé j’avais environ 1000 écoutes par épisode en moyenne. Je pense que le podcast a pris petit à petit par le bouche à oreille. Certains m’ont aussi découvert via mon compte Instagram je suppose, même si je ne fais pas spécialement de promotion pour mon podcast.
Quel est votre plus beau souvenir de tournage et/ou votre plus belle rencontre ?
Des belles rencontres au Japon, j’en ai plein, même si mon japonais est niveau débutant. Ce que j’aime le plus ici, c’est les japonais. J’aime les observer, capturer des moments en photos en vidéo. J’aime capturer le quotidien, la vie normale de tous les jours.


A contrario, quelle est votre pire anecdote sur le Japon ?
Ça dépend du contexte. Dans la vie de tous les jours, je pense que c’est quand j’ai dû ouvrir un compte en banque la première fois quand j’étais étudiant. Je suis allé dans une banque qui était censé parler un peu anglais. Mais ce n’était pas du tout le cas. Ça a duré plus de 2h et je suis ressorti en ayant rien compris. Je ne savais pas ce que j’avais signé, si ça avait marché et j’en avais besoin car mon propriétaire attendait que j’ouvre un compte pour prélever mon loyer. Bref, pendant 30 secondes j’ai eu envie de prendre un avion et de rentrer en France… mais ça m’est vite passé. Finalement, même dans les moments compliqués, on se débrouille toujours.
Sinon, pendant mes balades, j’ai eu un ancien japonais qui m’a chassé d’un temple méchamment alors que j’y était déjà allé plusieurs fois sans que personne ne me dise jamais rien sur place. Il m’a hurlé dessus, j’ai pris la première sortie que j’ai vu pour obtempérer… et là il m’a hurlé encore plus fort dessus je n’ai pas compris… Plus tard j’ai compris que tout le complexe était un quartier Mormon de Kyōto, pas seulement le temple et à priori ce monsieur n’était pas très ouvert aux personnes qui n’appartenaient pas à sa communauté. C’est la seule fois qu’un japonais m’a « fâché » je pense. Moi qui suis quelqu’un de très respectueux, cela m’a beaucoup touché.
Quels sont vos conseils pour les futurs voyageurs ?
Pour les voyageurs, mon conseil est simple : essayez de sortir de temps en temps hors des sentiers battus. Le Japon vit depuis quelques années un sur-tourisme et certains lieux sont pris d’assaut. Bien sûr, le Japon « carte postale » il faut l’intégrer au programme, il serait dommage de louper les classiques. Mais explorez ! Laissez-vous porter dans les petites ruelles un peu plus loin de la foule. Le Japon possède des trésors à chaque coin de rue ! Moi, j’adore par exemple me promener dans le Tokyo résidentiel, loin de Shibuya, Asakusa, Roppongi, etc. Je me souviens que pour mon premier voyage, mon premier jour à Kyōto j’avais détesté… J’étais arrivé directement pour visiter le Kyomizu-dera, la rue pour y aller était noire de monde, ça ne parlait qu’anglais et chinois … J’ai vite bifurqué dans d’autre ruelle et je me suis échappé pour découvrir un Kyōto plus local et j’ai pu apprécier la ville.


Quelle est pour vous la meilleure saison pour voyager ?
Ne venez pas en été !! Sauf si vous aimez la chaleur humide ! Pour moi, Kyōto l’été, c’est l’enfer qui s’éternise de fin mai à mi octobre !
Par Dewi Marti