Immersion au cœur de la maison japonaise, et de son évolution au fil des décennies, au travers des crises économiques, des changements s’opérant dans les classes sociales nippones et des fluctuations à l’accès à la propriété privée et aux logements individuels…
La maison japonaise a fasciné l’Occident dès que les premières images du Japon nous sont parvenues depuis l’autre côté du monde. Entre les paravents en washi, papier traditionnel japonais, les toits de chaume à la coupe millimétrée, ou encore aux kotatsu, ces tables basses chauffantes agréables dès la baisse des températures, la maison japonais intrigue de par sa singularité. Que ce soit l’agencement ou le mobilier intérieur, la maison (家 ie) nippone est un espace qui mérite que l’on l’investisse.
Dans cet ouvrage, nous explorons cet habitat particulier. L’espace où se réunit et évolue la famille est un lieu à part, que seuls les membres proches peuvent pénétrer. Les amis et collègues eux se voient à l’extérieur, dans un bar ou restaurant. La maison japonaise est donc, en quelque sorte, un espace sacré, qui ne se partage pas avec le monde extérieur. Ce livre rappelle d’ailleurs dès les premières pages que les maisons japonaises répondent « à une série de mœurs et de rituels profondément ancrés, à commencer par la formule « tadaima » (« je suis rentré ») prononcé en rentrant chez soi ainsi que le fait de se déchausser ». Plus loin, on lit alors que l’espace intérieur est souvent restreint, limité, notamment dans les logements urbains, par manque de place, et que donc la promiscuité et l’absence d’intimité vont donc de pair. Les parcs urbains sont alors des jardins collectifs par extension…
Ce livre nous immerge dans l’univers de la maison japonaise, des mesures communément utilisées pour quantifier l’espace, aux mœurs liées au désir de construction ou de location, en passant par les matériaux utilisés selon les époques et les styles d’architecture qui avaient alors cours.
Nos coups de cœur : Nous avons aimé apprendre que des femmes architectes, comme Miho Hamaguchi et Masako Hayashi, conçurent des maisons en adoptant le point de vue d’une femme, telle que la Maison G. Pour ceux ayant entendu parler du Corbusier, sachez que la maison Iihashi de Junzo Sakakura en reflète l’influence, et que de nombreux emprunts occidentaux s’immiscèrent dans l’architecture japonaise après la Seconde guerre mondiale. Enfin, le fait que le livre inclut autant des photos d’intérieur et d’extérieur des maisons, que des plans, permet de nous représenter de façon fluide les formes et l’espace.
EDIT : La Maison Japonaise depuis 1945 a remporté la Perle du beau livre Architecture-Design 2024.
Informations :
Auteure : Naomi Pollock
Editeur VF : Parenthèses Editions
Parution : 20 octobre 2023
Prix : 65 €