Yasuo Kiyonaga : L’artisan de l’abstraction photographique
Pour l’exposition de juin, la Gallery Japanesque met à l’honneur la série photographique « Torrent » de Yasuo Kiyonaga. Les clichés ont été capturés dans la capitale du Vietnam, Hanoï, une ville que l’artiste affectionne particulièrement et qu’il a visitée à plusieurs reprises pour y puiser son inspiration.
L’attrait de l’artiste se porte sur les murs des rues de la cité. Ils sont parsemés de nombreux numéros de téléphone, témoins des activités commerciales et publicitaires de la ville. Ces marques laissées par les résidents de Hanoï lui évoquent un torrent temporel, une accumulation constante des vies passées et présentes. C’est cette pulsation de vie que Yasuo cherche à exprimer à travers ses photographies et ses peintures.
Une trentaine d’œuvres seront exposées lors de cette exposition. Pour la première fois, l’artiste lui-même sera présent lors du vernissage.
Né en 1948 à Kagawa, au Japon, Yasuo Kiyonaga est un photographe éminent qui a fait de Tokyo, Kyoto et Paris ses terrains d’exploration créative. Les œuvres de Kiyonaga ont enrichi l’art photographique avec une touche audacieuse d’abstraction et d’innovation, fusionnant des éléments de cubisme et de surréalisme dans une symbiose visuelle époustouflante.
Dans son exploration photographique du monde, Kiyonaga aborde une multitude de sujets – de la nature à l’urbain, des détails intimes de la vie humaine à l’immensité des paysages. Avec une approche surréaliste, il libère ces sujets de leur contexte original pour leur insuffler une nouvelle vie, des formes et des significations renouvelées.
Kiyonaga est un artiste qui ne se limite pas à un seul domaine d’expression. En exploitant une technique unique, il marie des concepts à première vue incompatibles – photographie et peinture, nature et artifice, bidimensionnel et tridimensionnel, passé et futur, rêve et réalité – et les sublime dans une œuvre d’art. Ces explorations ont été fortement influencées par les travaux de Jean-Eugène Atget et Aaron Siskind, deux photographes qui ont marqué sa vie dès 1966.
Après avoir achevé ses études à l’école professionnelle de photographie en 1970, Kiyonaga a commencé sa carrière chez Recruit Co., Ltd. comme photographe. En 1980, il quitte l’entreprise pour lancer sa propre société, SHC, une entreprise pionnière dans la planification et la production de contenus de communication d’entreprise, qui a réussi à se développer pour accueillir plus de 150 employés.
Malgré ses responsabilités entrepreneuriales, Kiyonaga n’a jamais perdu de vue sa passion pour la photographie. Ses expériences lui ont conféré une vision unique, un esprit critique et des compétences décisionnelles qui sont devenues la source de sa créativité. En 1995, il reprend sa carrière artistique en ouvrant une série de galeries à Tokyo, Kyoto, Paris, et en ligne pour exposer ses œuvres et celles d’autres photographes. Il est aujourd’hui propriétaire de plusieurs galeries, dont le Kyoto Museum of Photography en ligne, la Gallery Japanesque et la Gallery Artisan à Tokyo, et la Gallery Japanesque à Paris.
L’œuvre de Kiyonaga a été exposée dans tout le Japon, notamment à la Epson Imaging Gallery Epsite (2010) pour « Spirit of Forest », au grand magasin Kintetsu Abeno Harukas Art Gallery (2020) pour « Hanoi x 6% » et au Kyoto Museum of Photography Gallery Japanesque (2020) pour « Identity and Two Landscapes ».
Yasuo Kiyonaga a enrichi la littérature photographique avec plusieurs publications. Parmi elles, on retrouve « Leslie » (1999), « Spirit of Forest » (2007), « Paris Sketch » (2012), la collection « Japanese Beautiful Landscapes » (commencée en 2008), « Japanese Tools » (2015) et « Ujo (Senses of Rain) » (2016).
Dans le cadre de ses explorations photographiques, Kiyonaga capture l’essence d’anciennes capitales et de villages ruraux, tant au Japon qu’à l’étranger, compilant ces moments précieux dans ses livres.
En reconnaissance de sa contribution à la photographie, Kiyonaga est également un membre respecté de la Société japonaise des photographes professionnels (JPS).
« Murs dans une ruelle de Hanoi. D’innombrables numéros peints, des tracts collés, une accumulation d’ informations… Combien de personnes sont passées par là ? Combien de temps s’est écoulé derrière la répétition à l’infini d’inscriptions peintes, effacées, collées, décollées, apparues et disparues ? C’ est l’histoire de ces murs dont personne ne parle jamais. En y insufflant de la lumière et de la couleur, j’ai voulu exprimer les traces de cette multitude de personnes qui a côtoyé ces lieux. Et c’est ainsi qu’à mon tour, en laissant ma propre empreinte, je suis (moi-même) devenu l’un d’entre eux. »
Exposition
du 8 juin au 22 juillet 2023
Vernissage le 8 juin 18H-21H