Perché sur la pointe nord-est du Tōhoku, le phare de Shiriyazaki offre un fascinant mélange d’histoire, de légende et de technologie maritime au cœur du Japon.
Le phare de Shiriyazaki se situe sur un promontoire à la pointe nord-est du Tōhoku, dans la préfecture d’Aomori, sur l’île principale du Japon. Ce lieu forme une frontière naturelle entre le détroit de Tsugaru et l’océan Pacifique, séparant Honshū de Hokkaidō. Les eaux au large du cap ont toujours été redoutées par les marins et les pêcheurs. En effet, les courants des marées y sont imprévisibles, la mer souvent sombre et brumeuse, et les hauts-fonds rocheux ont causé de nombreux naufrages. Autrefois, le lieu portait le surnom de « Cap Shipwreck » ou ‘’Cap Namba’’. Sur le rivage, quelques pierres tombales se dressent, ainsi qu’une petite statue de Jizo protégeant les âmes des défunts.
Le phare de Shiriyazaki fut le premier phare de style occidental, construit en brique blanche, dans la région du Tōhoku. Il fut érigé par l’ingénieur écossais Richard Henry Brunton et achevé en 1876. Pendant son séjour au Japon, Brunton a conçu jusqu’à 26 phares à travers le pays et a aidé à créer la première école de génie civil au Japon. Aujourd’hui, il est considéré comme le père des phares japonais. Brunton fut l’un des premiers O-yatoi Gaikokujin (conseillers étrangers au service du gouvernement Meiji).
Le phare mesure 33 m de haut et compte 128 marches au total, ce qui en fait le phare en briques le plus haut du Japon. La première corne de brume du Japon y fut installée en 1879, ainsi que la première lumière électrique autogénératrice en 1901. Aujourd’hui encore, la source lumineuse de ce phare est l’une des plus brillantes du pays avec une distance de portée lumineuse de 18,5 milles marins, soit environ 34 km.
Selon une légende locale, le phare de Shiriyazaki fut partiellement détruit par l’US Navy le 14 juillet 1945, tuant l’opérateur radio qui s’y trouvait. L’été suivant, un bateau de pêche, sur le point de faire naufrage au milieu de la nuit, vit une lumière scintiller au loin. Le capitaine du bateau se dirigea vers elle et remarqua, en s’approchant, que c’était la lumière du phare. Il réussit ainsi à rejoindre le port et sauva le bateau ainsi que son équipage. Il raconta son aventure et fut ravi d’apprendre qu’il n’était pas le seul à avoir vu la lumière en haut du phare en ruine.
Le Bureau national des phares de Yokohama envoya un enquêteur et fit un rapport indiquant que la salle lumineuse était partiellement détruite et que l’accès aux escaliers était bloqué par des gravats. Le dossier fut classé, avec comme explication que la lumière était un phénomène psychique causé par l’opérateur décédé.
Le phare a alors reçu le surnom de « phare fantôme ». En août de la même année, une lumière temporaire fut installée dans la tour. En janvier 1950, la zone endommagée fut reconstruite à l’identique.
Malgré les techniques modernes de navigation et l’usage du GPS, le phare est toujours en fonction et offre un sentiment de sécurité aux marins et aux navires de passage dans cette région du détroit de Tsugaru.
Le phare ouvre ses portes au public d’avril à novembre. Depuis son poste d’observation, vous pouvez contempler l’océan Pacifique, le détroit de Tsugaru et même la rive opposée de Hokkaido.
Jacky de Greef