Si Noël n’est pas une fête officielle au Japon, en revanche le Nouvel An est une tradition séculaire qui remonte au-delà de la période Heian ! Dans les premiers jours de la nouvelle année, beaucoup de gens visitent un sanctuaire shinto ou un temple bouddhiste…
Un peu d’histoire
Nous en savons très peu sur l’origine du Nouvel An au Japon. La raison exacte de la visite d’un sanctuaire shinto par les Japonais ce jour-là n’est, en effet, pas claire.

L’immigration coréenne et chinoise a commencé avant la période Yayoi (250 av. J.-C.). Ces deux peuples y ont très probablement apporté leurs cultures et calendriers définissant le jour de l’an. Mais aucun document ni objet archéologique ne démontre leur existence avant le VIe siècle. En effet, selon le Nihon Shoki, le deuxième plus ancien livre d’histoire classique du Japon, en 553 l’empereur Kinmei demanda d’envoyer un expert du calendrier au royaume Baekje dans le sud de la Corée. Mais malheureusement, rien ne prouve que le calendrier fût officialisé dans l’archipel durant ce siècle.
L’attitude japonaise était donc bien passive, et suite à la chute de l’empire de la dynastie Táng en 907, les relations avec la Chine s’arrêtèrent et écartèrent les futurs progrès de l’astronomie et du calendrier japonais. Pendant plus de 800 ans, le Japon garda ce calendrier chinois ou coréen et y apporta quelques modifications palliatives. Le réveil scientifique des Japonais eut lieu au XVIIe siècle pour adapter le calendrier, pour enfin à la fin du XVIIIe siècle le compiler eux-mêmes.
Il est donc fort possible que la période du Nouvel An fût officialisée avant la période Heian, sous le nom d’Ehomairi, qui est sûrement l’un des premiers événements de la nouvelle année de cette période. La méthode consiste à ne pas aller directement au sanctuaire prévu, mais d’abord de trouver la direction eho (direction de la chance — voie du Yin et du Yang), et de là, aller vers le sanctuaire pour y prier.

Les personnes vivant dans une communauté (village) avaient la possibilité de prier Ujigami, chaque année, qui est un dieu shinto (un gardien, un dieu, ou un esprit de la religion shintoïste). Bien sûr, comme dans toute histoire, les cultures évoluent et s’adaptent suivant le bon vouloir des dirigeants, qu’ils soient religieux ou politiques.
Vient la tradition hatsumōde
Ce terme signifie la première visite, et se pratique pour remercier les divinités pour l’année écoulée. Elle remonterait à la période Heian. Il s’agit d’une tradition qui imposait aux pères de famille de passer la dernière nuit de l’année dans un sanctuaire shinto ou un temple dédié au dieu ou à la déesse locale, afin de prier les toshigami, (divinités shinto), du coucher du soleil jusqu’à l’aube du premier jour du Nouvel An.
Le maître de maison était ensuite rejoint par tous les autres membres de sa famille, pour prier ensemble pour la bonne fortune de l’année à venir, une bonne récolte et la santé dans la nouvelle année… Cette coutume a perduré jusqu’à la fin de l’ère Meiji, qui est une date symbolique d’entrée du pays dans la modernité, notamment politique et économique. Vers 1950, avec l’arrivée des transports en commun, l’horaire du hatsumōde fut déplacé du coucher du soleil aux environs de minuit. Ce qui donnait à beaucoup de Japonais l’occasion de se déplacer vers des sanctuaires plus connus. L’actuelle activité hatsumōde consiste à visiter un sanctuaire ou un temple la nuit même où durant les trois jours qui suivent (souvent après minuit).
Une fois les remerciements et demandes faites aux dieux, portant souvent sur la santé, le bonheur et la prospérité en affaires, suivent l’offrande d’argent, l’achat d’un talisman (o-fuda), d’une prédiction écrite (omikuji), d’un hamaya, flèche décorative vendue comme porte-bonheur, ou d’une amulette protectrice.

Mais la période du Nouvel An au Japon s’accompagne aussi d’autres activités depuis des siècles. Comme le nettoyage de fin d’année en profondeur (deosoji), pour laisser place au nouveau dieu et à une nouvelle année (basée sur l’astrologie chinoise), suivi de la préparation de l’osechi ryori qui est un assortiment de plats festifs préparés pour la soirée du Nouvel An.
De nombreuses familles se réunissent, d’autres vont au temple pour prier la nouvelle année, et manger les premiers soba de l’année. Plus long et fin sera votre soba, plus vous aurez une longue vie et un foyer heureux.
Tradition qui remonte à la période Edo et commença à Osaka…
Ou que vous soyez sur la planète, le Nouvel An se fête dans la joie et la bonne humeur.
Les vœux de bonheur et de bonne santé sont partagés de bon cœur.
Bonne et heureuse année à tous !
Jacky De Greef