Tels des papillons attirés par la luminosité d’une lanterne dans l’obscurité, des personnages se pressent dans un étrange konbini… Que font-ils là ? Quelles sont leurs histoires ? Découvrons-les ensemble.
Dans ce manga, dont le sens de lecture à la japonaise est respecté – bien que nous aurions davantage associé la couverture brillante à un livre de littérature classique -, nous faisons la connaissance de plusieurs personnes au fil des chapitres, tantôt employés, tantôt clients de la supérette.
Dans ce konbini, au fur et à mesure que l’intrigue se déroule, un monde parallèle prend peu à peu forme devant nous : des « ombres » notamment, sortes d’ectoplasmes noirs et cyclopes, apparaissent sans prévenir au détour des rayons, cherchant à engloutir les clients… Nous apprenons alors que le magasin est un lieu situé entre la vie et la mort, et que les personnes qui s’y rendent sont à la frontière entre ces deux mondes.
Employée de bureau surmenée, guettée par le karōshi (expression qui désigne une mort subite de à un épuisement intensif causé par le travail), jeune étudiant ayant fait une chute dans les montagnes, des suicidées… une multitude de destinées ne tenant plus qu’à un fil se présente jour après jour alors dans ce konbini, unique lumière dans une marée de ténèbres. Cette caractéristique est clairement affichée dans le titre même de l’ouvrage : 光の箱 hikari no hako, signifiant littéralement « boîte de lumière ».
Toutefois, les clients ne sont pas les seuls à être sur le fil tenu du destin. Kokura, employé du magasin, s’est retrouvé à faire également un choix : mourir ou travailler. Ce dilemme met en exergue la valeur fondamentale qui est accordée au travail dans la société japonaise.
En somme, le konbini est un lieu de tous les possibles, où des multitudes de destinées se croisent le temps d’un instant fugace, un lieu qui attire les individus momentanément sous de mauvais augures… Mais qui peut donc bien diriger un tel magasin ? Et à quel « monde » appartient-il : vie ou trépas ?
Nos coups de cœur : Ce manga met en relief toutes les facettes si caractéristiques d’une supérette (faire la queue, répondre à des demandes intempestives de la part de clients, problèmes de personnel et recrutement, suppression de postes avec l’arrivée des nouvelles technologies etc.), ce qui nous permet de nous immerger dans le récit, de nous identifier à ces situations du quotidien. Quant à la perception de ces « âmes en transit », leur réalité est altérée, s’apparentant tantôt à une illusion, tantôt à une rêverie inconsciente, ou tantôt à une expérience paranormale, ce qui rend encore plus floue la frontière entre le réel et le surnaturel dans ce récit. On adore !
Informations :
Auteure : ERISAWA Seiko
Traduction : SLOCOMBE Miyako
Editeur VF : Le Lézard Noir
Parution : 22 avril 2022
Prix : env. 13 €