Exposition du 16 mars au 29 août 2022 au Musée national des arts asiatiques Guimet.
À partir du 16 mars de cette année, le Musée national des arts asiatiques Guimet héberge une nouvelle exposition sur les samurai. Depuis le succès de celle de 2018, intitulé Daimyo, Seigneurs de la guerre au Japon, qui exposait les armures du clan Matsudaira, cette année, le musée utilise une approche différente. D’ailleurs, le thème du samurai (侍)* est si vaste, qu’il est facile de trouver un nouvel angle d’attaque.
A gauche : Jeux d’enfants : représentation parodique (mitate-e) d’une procession de daimyo
Suzuki Harunobu (vers 1725–1770) – Estampe nishiki-e – ère Edo – MNAAG, don Louis Devillez (1912), EO 2801 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat
A droite : L’acteur de kabuki Bando Mitsugoro II – Katsukawa Shun’ei (1762-1819) – Estampe nishiki-e – ère Edo – MNAAG, legs Isaac de Camondo (1912), EO 1786 – © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat
L’exposition se focalise sur l’image des samurai surtout à l’époque d’Edo (XVIIe – XIXe siècles) et l’ère Meiji (1861 – 1912). Dans leurs représentations au sein du théâtre kabuki (歌舞伎), qui est un genre de théâtre urbain et bourgeois, et moins « raffiné » que le nō (能), vous découvrirez toutes les facettes de ces guerriers iconiques. La philosophie derrière la « Voie du guerrier » (bushido, 武士道) et l’histoire derrière les 47 rōnin ont contribué a forgé ce vaste imaginaire des samurai .
A gauche : Archer japonais (kyūdō) – Photographie extraite de l’album Views & Costumes of Japan de Stillfried & Andersen – Raimund von Stillfried-Rathenitz (1839-1911) – Yokohama, ère Meiji – Épreuve sur papier albuminé, colorée – MNAAG, fonds ancien, AP 11346 © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image musée Guimet
A droite : Ambassadeur japonais – Atelier Nadar (1855-1939) – France, fin du 19e-début du 20e siècle – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, NA 23818686 © Ministère de la Culture-Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Atelier de Nadar
L’histoire même du samurai est se caractérise par ses mille nuances. C’est une classe qui se développe à partir du IXe siècle, pour protéger les terres des notables provinciaux, et qui travaille pour la cour impériale de Kyoto. Entre le Xe et le XIIe siècles, le pouvoir centrale de l’ancienne Kyoto s’affaiblit dans les territoires les plus éloignées. Ainsi, des liens de loyautés se forment, qui va permettre l’émergence de cette classe sociale.
Pendant l’époque de Kamakura et l’époque de Muromachi (fin XIIe siècle – XVIe siècle), leurs pouvoirs s’accroît, à causes des guerres intestines qui sévissent au sein de l’archipel. Cependant, avec le début de l’époque Edo, qui marque une longue période de paix, les fonctions du samurai se dissolvent. L’imposition du sankin kōtai (参勤交代, la « rotation de services »), qui les contraignait de séjourner une demi année à la résidence du général principal (将軍 shōgun), loin de leurs fiefs, ainsi que d’autres règles, étaient également très contraignantes pour eux.
A gauche : Le samouraï Hatakeyama Shigetada (1164-1205) – Japon, époque d’Edo, 1820-1821 – Estampe surimono – MNAAG, fonds ancien, MG 12118 © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivie
A droite : Ichikawa Danjuro VII dans un rôle de Shibaraku – Utagawa Kunisada (1786-1864) – Japon, époque d’Edo, 1820 – Estampe nishiki-e – MNAAG, don Norbert Lagane (2001), MA 12214 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Avec l’ouverture à l’Occident, leurs droits ont été encore plus resserrés : il leur fut notamment interdit de marcher avec les deux épées qui les distinguaient des autres strates sociales, et finalement, suite à de fortes révoltes, ils cessèrent d’exister, tout simplement.
A gauche : Veste de pompier hikeshi-banten – Japon, époque d’Edo, 19e siècle – Toile matelassée, teinture à l’indigo – MNAAG, achat (2018), MA 12981 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
A droite : Miroirs des acteurs de kabuki (yakusha awase kagami), folio 9 – Utagawa Toyokuni I (1769-1825) – Japon, époque d’Edo, 1804 – Impression xylographique en couleur sur papier – MNAAG, don André Noufflard (1952), ancienne
collection d’Henri Rivière, BG 43929 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Néanmoins, leurs esprits flottent toujours dans nos cœurs, à travers les représentations du kabuki, de leurs code d’honneur, et leurs armures éclatantes exposées dans les musées.
Cet été, si vous passez par Paris, voyagez dans une autre dimension suspendue entre passée et fantaisie…
En haut gauche : Série Le trésor des vassaux fidèles Acte XI : Attaque nocturne 2, l’assaut – Utagawa Hiroshige (1797-1858) – Japon, époque d’Edo, milieu de l’ère Tempo (1830-1844) – Estampes nishiki-e – MNAAG, fonds ancien, IJ 413 68
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / image RMN-GP
En haut droite : Série Vie de Yoshitsune – Épisode IX : Le combat de Ushiwakamaru et Benkei sur le pont Gojo à Kyoto – Utagawa Hiroshige (1797-1858) – Japon, époque d’Edo, deuxième quart du 19e siècle – Estampe nishiki-e –
MNAAG, EO 2508 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
En haut droite dessous : Dessin de décor de kozuka (manche du petit couteau), tiré des Dessins du ciseleur Somin (Somin zushiki) – Yokoya Somin (1670-1733) – Japon, époque d’Edo, 1715 – Manuscrit à l’encre – MNAAG, fonds ancien (1893), BG 18433 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
En bas : Samouraïs du fief de Satsuma – Photographie extraite de l’album Views & Costumes of Japan de Stillfried & Andersen – Felice Beato (1832-1909) – Japon, Yokohama, ère Meiji, 1877-1880 – Épreuve sur papier albuminé, colorée – MNAAG, fonds ancien, AP 11388 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / image musée Guimet
Photo de couverture : Les appartements féminins du palais de Chiyoda – Yoshu Chikanobu (1838-1912) – Japon, ère Meiji, 1884-1886 – Album d’estampes nishiki-e montées en accordéon – MNAAG, achat (2012), MA 12449 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
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*Le sinogramme du moi samurai vient du verbe haberi ou saburau (侍), qui s’employait dans le japonais classique. Sa signification vient du verbe « ramper/servir », et il était employé au sein des dialogues honorifiques. Littéralement, il peut se traduire par « Je vous suis reconnaissant d’être ici », ou bien » je vous suis reconnaissant ». Par la suite, il est devenu une expression d’humilité, pour désigner le verbe « être ». À noter que jusqu’à l’époque d’Edo, on appelait les guerriers bushi (武士).
Par Paolo Falcone