« Forêt d’Aokigahara, Japon ». C’est avec ces mots que commence notre récit, nous donnant comme décor un lieu macabre, célèbre pour y être le théâtre de suicides au Japon. Nous suivons d’ailleurs dès la seconde page les pas lourds d’un salaryman, la sacoche glissée sous le bras, se frayant un chemin, hagard, dans ce bois lugubre, duquel émergent des silhouettes fantomatiques inquiétantes… Leur présence est mystérieuse : sont-elles à l’origine de ce phénomène surnaturel qui aspire toute envie d’exister aux visiteurs pénétrants dans ces bois ? Ou bien sont-elles seulement les témoins malgré elles d’un mal-être social ?
C’est ainsi que Kai, un jeune garçon, a vécu un drame. C’est son frère qui s’est suicidé dans cette forêt, le jour de ses 28 ans. Demeure alors une interrogation lancinante : « pourquoi » ? Et c’est pour répondre à cette question que Kai entreprend de se rendre dans cette forêt, lieu aux antipodes de la personnalité de son frère…
C’est un univers clos, hachuré par des troncs d’arbres, où apparait subrepticement parfois le mont Fuji entre les silhouettes sylvestres ou au-dessus de la canopée, que notre jeune héros évolue, progressant sur les traces de son frère. Un incident va alors se produire, qui va l’amener à faire la rencontre d’une étrange sirène vivant dans cette « mer d’arbres »…
Notre coup de cœur : Le mélange entre les faits réels et le folklore surprend et emporte le lecteur incontestablement. Et le fait de découvrir des sirènes dans une forêt « terrestre » ajoute un charme singulier à l’œuvre, car c’est un endroit inhabituel pour y apercevoir pareilles créatures.
Idée de lecture : Cette impression de voile poreux, perméable, entre la réalité et le surnaturel se retrouve avec la même intensité dans le manga Souvenirs d’Emanon de TSURUTA Kenji et KAJIO Shinji.
Informations :
Dessin : Mato
Scénario : DOLE Antoine – Mr TAN
Editeur VF : Glénat
Parution : 18 mai 2022
Prix : env. 10,75€
Léa van Cuyck