Un conte mystique et mirifique au design incroyablement ensorcelant.
Bakemonogatari a été publié sous différents formats. Tout d’abord série de light novels écrite par NisiOisiN (auteur de Death Note) et illustrée par VOFAN, qui sera publiée sous forme de roman par le même scénariste et l’illustrateur Oh ! Great (auteur d’Air Gear) au Japon en 2006, l’œuvre sera finalement adaptée en animes en 2009 et en manga chez Pika Edition en 2019.
Une série animée à la saveur atypique
L’adaptation en anime par le studio Shaft nous introduit dans un univers surnaturel où évoluent des créatures fantastiques et des fantômes. « bakemonogatari » étant un mot-valise composé de « monstre » (化け物 bakemono) et d’« histoire » ou « conte » (物語 monogatari), l’œuvre met en scène sans surprise des personnages au cœur d’intrigues paranormales. L’adaptation sortie chez Pika Roman, dont le titre est Légendes chimériques, résume assez bien l’ambiance onirique et fantastique de la série, où évoluent autant des vampires (sans pour autant tomber dans le bit lit suranné) que des divinités semblant tout droit sortis de l’astrologie asiatique avec des déités saurienne, bovine et simiesque !
Dès le premier épisode, Bakemonogatari nous plonge dans un univers aux couleurs vives surexposées (parfois même malaisantes), avec des scènes aux motifs géométriques rouge flashy ou jaune criard. En parallèle, les tons violet et mauve sont omniprésents, que ce soit sur les uniformes des lycéennes que dans les paysages surréels, conférant un aspect féérique au graphisme.
Les plans sont quant à eux dynamiques et se succèdent entre décors minimalistes et zooms serrés sur les expressions faciales. Des effets d’aplats monochromes et d’arrière-plans aux motifs colorés hypnotiques viennent alors sublimer les effets graphiques, parfois sans transition avec le scénario, venant ainsi surprendre le spectateur.
Un script travaillé… avec quelques épatantes fantaisies
À côté de ce style épileptique, où les changements d’ambiances sont constants, les dialogues sont truffés d’absurde, de vannes humoristiques et de répliques trash, rendant quelque peu addictive cette verve décalée et surréaliste.
La trame narrative est de plus parfaitement complétée par l’apparition des émotions ou des pensées des personnages sous forme de brefs syntagmes tapuscrits, permettant de saisir instinctivement leurs réactions. D’innombrables jeux de mots et calembours émaillent également le script, nous donnant un aperçu des multiples significations des kanji dans la riche lexie japonaise.
Les combats contre les monstres et les démons, attendus du fait que la série est un shōnen, sont finalement beaucoup moins mis en avant (contrairement à la préquelle Kizumonogatari) que les scènes triviales où les héros tentent de résoudre les cas de possessions et d’apparitions surnaturelles.
Des héros aux profils surprenants
La série met en scène des personnages ayant été victimes de créatures mytho-fictives ou de malédictions divines : le narrateur, KOYOMI Araragi, un lycéen taciturne, fut par exemple mordu par une puissante vampire. Devenu vampire à son tour, il redeviendra cependant humain grâce à l’aide de Meme, un excentrique fin connaisseurs des malédictions, possessions et « bizarreries » en tout genre (rappelant un peu le truculent KISUKE Urahara dans Bleach), reclus dans un bâtiment abandonné. Araragi gardera en revanche les pouvoirs de régénération rapides de sa condition précédente, ainsi que ses capacités nyctalopes.
L’histoire de notre héros, et des enquêtes paranormales, débute lorsqu’il sauve d’une chute sa camarade de classe : SENJÔHAGARA Hitagi. Cette dernière, ayant pactisé avec un dieu-crabe, a perdu quasiment l’ensemble de son poids, l’obligeant à se tenir à l’écart des autres pour taire son terrible secret. Mécontente d’avoir été démasquée, elle menacera Araragi avec une agrafeuse, arme fétiche rappelant les pinces de l’entité chimérique l’ayant maudite.
Véritable kleptomane collectionnant les fournitures scolaires sous sa jupe d’écolière, Hitagi est une héroïne désinvolte, exhibitionniste et sadique, dont la langue acérée rappelle la franchise de l’héroïne Maria dans Akuma to Love Song. Ces traits de caractère (tirant parfois sur la psychopathie), souvent assimilés à des défauts peu séduisants, en font finalement un personnage complexe, atypique, avec beaucoup de relief.
Le soupçon de lubricité mesuré de la série [Hitagi utilise son corps dénudé et fait des allusions sexuelles débridées] donne par ailleurs un côté érotico-comique et grivois à ce shōnen catégorisé « ecchi », « pantsu » et également « harem », pour l’incroyable nombre de jeunes filles gravitant autour du héros masculin. À l’inverse, lorsque les deux protagonistes sont confrontés au partage d’émotions sincères, les scènes se colorent d’une étrange pudicité.
Cet anime propose ainsi une trame originale, mêlant mythologie, urban fantasy et paranormal, dans un décor inhabituel envoûtant. À consommer sans modération !
Par Léa van Cuyck