Découvrez la ville d’Ōtsu et rêvez à votre prochain voyage au Japon…
Située à la pointe sud du troisième plus vieux lacs du monde et le plus grand du Japon, le lac Biwa, Ōtsu (大津市, Ōtsu-shi, littéralement « grand port ») est une ville spirituelle et culturelle offrant un accès facile à la nature, à de nombreuse activités aquatiques ainsi qu’à une gastronomie de qualité. Ōtsu est la capitale de la préfecture de Shiga, située sur l’île de Honshū, au Japon. (oui, oui, la ville d’Ōtsu est sur l’ile d’Honshu, à prononcer honshou).
La ville a su préserver certains des plus beaux sanctuaires du Japon, aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour s’y rendre, 10 minutes en train à partir de Tokyo suffisent.

Ōtsu Matsuri
Depuis l’époque d’Edo, le célèbre festival vient rythmer inlassablement les années des habitants d’Ōtsu afin de célébrer la prospérité de la ville. À l’occasion, une procession de 13 yamahiki, de grands chars décorés, défile dans les rues de la ville et fait la part belle aux poupées mécaniques karakuri, qui auraient joué un rôle important dans l’intérêt qu’entretient le Japon pour les robots. Ce défilé es aussi l’occasion d’essayer de provoquer la chance en attrapant des Chimaki, petits porte-bonheurs lancés depuis les chars.

Les temples
Le temple Ishiyama Dera représente l’un des deux principaux temples que l’on peut visiter près d’Ōtsu, avec l’Enryaku-Ji. Dédié à la déesse de la miséricorde, Kannon, ce temple désigné « monument naturel rare » est notamment renommé pour avoir accueilli Murasaki Shikibu, autrice de l’un des ouvrages les plus connus de la littérature japonaise, Le Dit du Genji. De fait, le temple dispose d’une salle en son honneur, où trône une statue de l’écrivaine qui aurait imaginé l’histoire lors des sept jours qu’elle a passés au sein de ses murs.Le temple abrite également une statue de Bouddha de près de 5 mètres de haut que vous aurez l’occasion de voir en… 2049 ! La statue n’était accessible que les trente-trois ans, le mieux à faire reste de s’armer de patience…

Au pied du Mont Ōtsu trône l’ancien rival de l’Enryaku-Ji, trésor national et l’un des quatre plus grand temples du Japon : le Mii-Dera. Tout comme son confrère, il représente un haut lieu du courant Tendai et comporte en tout près de quarante bâtiments. Le temple abrite une énorme cloche nommée « Benkei no Hikizuri-gane », à l’origine d’une légende bien particulière : à cause d’une dispute au sein de la secte Tendai, Benkei, moine guerrier du temple, vola la cloche avec l’intention de la faire sonner en haut du Mont Hiei. Mais au lieu de faire un bruit classique, la cloche résonna avec le son « eeno eeno », qui signifie en dialecte local « je veux y retourner ». Furieux, le guerrier jeta la cloche du haut de la montagne, causant, d’après la légende, les éraflures que l’on peut observer encore aujourd’hui sur l’objet.

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C’est en haut du mont Hieizan que se trouve le temple Enryaku-ji, lieu majeur du bouddhisme japonais, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1994. Construit en 788 par Saicho (fondateur du mouvement Tendai-shu), ce temple était constitué d’une centaine de bâtiments mêlés aux cèdres millénaires surplombant le lac Biwa. Près d’Enryakuji, un quartier s’est créée pour accueillir les moines durant leur retraite du temple. Sakamoto, au pied de mont Hieizan, abrite donc 50 habitations de moines à l’atmosphère unique et préservée ou Satobo, ouvertes aux visites.

Après des débuts assez modeste, l’Enryaku-ji a pris en importance jusqu’à devenir le siège général (encore à ce jour) des moines bouddhistes du courant Tendaï. Les moines qui s’y rendaient y suivaient un entrainement rigoureux, apprenant notamment à se battre, et formaient ainsi une vaste caste de moines-guerriers qui participait parfois aux conflits politiques ou aux affrontement contre d’autres temples. À l’apogée de la puissance de l’Enryaku-ji , c’est pas moins de 3000 temples et de plusieurs milliers de moines qui cohabitaient en haut du Mont Hieizan. Toutefois, le site fut entièrement rasé par les armées du Daimyo Nobunaga Oda en 1571, qui détruisit les communautés de moines, avant d’être reconstruit par la suite par Hideyoshi Toyotomi et Ieyasu Tokugawa, entre autres.
Par la suite, le courant Tendaï a généré un certain nombre de courants plus récents, qu’il s’agisse de celui de la Terre Pure, du Zen ou du Nichiren.

Aujourd’hui, les moines guerriers ont laissé place à une autre communauté de moines, encore plus surprenante : les moines marathoniens, dont l’entraînement à la course très rigoureux vise à tester leurs limites, leur endurance et leur volonté.
L’art populaire Ōtsu-e
Exécutées aux pochoirs, Les Ōtsu-e apparurent durant l’ère Edo du début du XVIIIe et continuèrent à circuler jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ces petites œuvres étaient produites à Ōtsu, carrefour commercial sur la route qui reliait Kyoto à Edo (aujourd’hui Tokyo). Les voyageurs les achetaient afin de les garder comme souvenirs ou comme petits cadeaux à offrir à leur entourage. Si à l’origine les Ōtsu-e étaient vendues comme peintures religieuses de Bouddha que l’on pouvait accrocher dans les maisons pour le célébrer, leur usage s’est peu à peu étendu, et les Ōtsu-e commencèrent à s’inspirer autant de la religion que des contes et de la mythologie. Bientôt, les images s’accompagnèrent également de poèmes et de maximes populaires ou de dictons à but souvent moral.

Les Ōtsu-e se déclinaient alors en plus de 120 thèmes différents, religieux puis satiriques ou moraux (les plus connus étant le démon travesti en moine ou la jeune fille à la glycine). Une portée narrative qui explique leur grand succès populaire, bien que majoritairement rejetés parmi les élites. Une dizaine de personnages de ces petites peintures ont alors acquis une importance profonde dans l’imaginaire de l’époque, et étaient très souvent représentés. Malheureusement, leur fragilité n’ont pas contribué à rendre ces petits témoins de l’ère Edo pérennes dans le temps, et les Ōtsu-e sont bien rares à être parvenues jusqu’à nous.

En parallèle, les Ōtsu-e ont été découvertes en Europe. Miro et Picasso notamment en apprécieront la liberté et la simplicité graphique. Mais ils ne furent pas les seuls à y trouver de l’intérêt, puisque des poètes (Basho notamment), et même des auteurs de Kabuki puiseront dans l’imagerie d’Ōtsu pour s’inspirer. L’on pourra citer notamment L’encens qui rappelle l’esprit de la courtisane, écrit par Chikamatsu Monzaemon en 1708.

Un temps oubliées, les Ōtsu-e reviennent à la lumière dans les années 1920 sous l’impulsion de Yanagi Muneyoshi, écrivain et philosophe, théoricien du mouvement du Mingei. Aujourd’hui encore, des traces de ces figures d’une autre époque restent vivaces dans la société japonaise, notamment dans les mascottes appelées yuru-chara, dans lesquelles certains décèlent une inspiration marquée par Ōtsu-e.